"H.D., employé de commerce, né en 1915, a été arrêté le 20 mars 1938 alors qu'il s'était rendu illégalement à Prague [...] On avait arrêté en même temps son ami intime à qui on avait extorqué des aveux. Il fut donc condamné à trois ans et demi de prison pour "attentat aux moeurs". Après avoir purgé sa peine, on l'envoya en novembre 1941 au camp de concentration de Buchenwald. Ce qui l'impressiona en tout premier lieu à son arrivée furent les cadavres des détenus de la compagnie disciplinaire que l'on jetait comme des sacs de blé devant la porte."
Texte :Les homosexuels à Buchenwald, Jean Le Bitoux...
Photo : Trois photos du camp de Buchenwald. (orig : USHM)
"La liste confidentielle des 210 personnes arrêtées en France au titre du paragraphe 175 établit que 206 d'entre elles ont transité et/ou ont été détenues dans les camps de Schirmeck et Natzweiler-Struthof (camps voisins). Parmi les détenus les plus âgés, soixante-cinq personnes sont nées entre 1872 et le début du siècle, et avaient donc entre 60 et 70 ans au moment de leur arrestation. (voir également texte de Pierre Seel.)
Photo : Potences du camp de concentration de Natzweiler-Struthof. (orig : Faschismus, Renzo Vespigiani. Elefanten Press, Berlin)
"Contrairement aux Juifs et aux Tziganes, les homosexuels n'ont jamais fait l'objet de mesures d'extermination systématique dans des camps conçus comme de véritables usines de la mort. Cependant, leur taux de survie était inférieur à celui de tout autre groupe de prisonniers n'appartenant pas à ces deux catégories raciales."
Texte :De l'Eldorado au IIIe Reich, G. Koskovich...
Photo : Fours crématoires au camp de Dachau, juillet 1945 (orig : USHM)
Les camps dits d'extermination, construits après l'adoption par les nazis de la Solution finale lors de la conférence de Wannsee du 20 janvier 1942, étaient destinés à l'élimination des "races inférieures", essentiellement les Juifs, les Tziganes et les Slaves. Les nazis n'ont jamais entrepris d'exterminer les homosexuels en tant que groupe social, même si certains ont été internés dans des camps de niveau III (les "moulins à os") dans lesquels les chances de survie étaient infimes. On ne peut donc pas parler d'holocauste gay. Les camps d'extermination constituent l'étape ultime de la politique raciale nazie. Malgré les moyens industriels mis en oeuvre, l'élimination des corps se révèle plus longue et plus difficile que prévu. L'homme éliminé parce qu'il occupait indûment un espace vital impose son encombrante présence même après sa mort. Lire sur ce site deux textes sur l'extermination des "races inférieures".
Texte : Webmaster
Photo : Femmes et enfants sur la "rampe des Juifs" d'Auschwitz-Birkenau. Récemment débarqués des wagons à bétail dans lesquels ils ont été enfermés pendant plusieurs jours, ils attendent sans s'en douter d'être conduits vers l'une des chambres à gaz du camp. (orig : Album d'Auschwitz, Yad Vashem)
"Des expériences barbares et inutiles : aucune découverte, une énorme charlatanerie. Comment aurait-il pu en être autrement, quand on considère que la plupart des médecins SS n'étaient ni de bons praticiens ni des savants, simplement des expérimentateurs sans envergure et plutôt amateurs, enivrés d'avoir à leur disposition des cobayes dont personne ne leur demandait des comptes. On comprend alors que nombre de victimes des expériences n'aient pas survécu, soit en cours d'expérience, soit au moment de l'évacuation des camps."
Texte :Le Triangle Rose, Jean Boisson...
Photo : Recherches sur les races inférieures, département d'anatomie, Reichsuniversität Straßburg. Les corps provenaient des camps de concentration répartis sur le territoire du Reich. (orig : Faschismus, Renzo Vespigiani. Elefanten Press, Berlin)
"Avant même d'accéder au pouvoir, Hitler avait ainsi proclamé que l'Etat racial n'avait pas pour rôle d'élever une colonie d'esthètes pacifistes et de dégenérés, mais avait pour idéal l'incarnation arrogante de la force virile."
La déchéance et la mort programmées pour les "dégénérés".
Texte :Le Triangle Rose, Jean Boisson...
Photo : Survivants du camp de Buchenwald, avril 1945. (orig : USHM)
"On hésite à les appeler des vivants : on hésite à appeler mort une mort qu'ils ne craignent pas parce qu'ils sont trop épuisés pour la comprendre. Ils peuplent ma mémoire de leur présence sans visage, et si je pouvais résumer tout le mal de notre temps en une seule image, je choisirais cette vision qui m'est familière, celle d'un homme décharné, le front courbé et les épaules voûtées, dont le visage et les yeux ne reflètent nulle trace de pensée."
Texte :Si c'est un homme, Primo Levi (Julliard - 1987)
Photo : Survivants du camp de Dachau, mai 1945. (orig : Faschismus, Renzo Vespigiani. Elefanten Press, Berlin)
"A rebours, on doit donc se demander si la lutte contre le négationnisme n'aurait pas tout intérêt à la fois à comprendre comment un tel silence sur le sort des homosexuels sous le Troisième Reich a pu être possible pendant près de cinquante ans autant dans nos démocraties occidentales que dans les pays de l'Est, et à chercher à le conjurer aujourd'hui par la constitution d'une histoire digne de ce nom sur la question. Car on ne défend pas la mémoire en acceptant qu'elle demeure hémiplégique, comme on ne saurait prétendre édifier une histoire scientifique du nazisme en la condamnant à demeurer partielle. Le nazisme fut un système global de répression et de "purification" de la vie sociale ; son histoire doit l'être autant."
Texte :Négation,dénégation, Michel Celse et Pierre Zaouï...
Photo : Le camp d'Auschwitz sous la neige, quelques jours après sa libération par les troupes soviétiques. (orig : USHM)
"Parmi tous les groupes de victimes, il en est un qui n'apparut jamais dans la lumière de la publicité, qui ne se plaignit pas des dommages subis, qui ne rencontra aucune compréhension auprès des journaux ni des administrations ni des organisations de défense des intérêts des anciens internés : ce sont les homophiles. Parce que l'article 175 du Code pénal allemand fait des homophiles des criminels, ceux-ci ne trouvèrent dans le public aucune pitié, et bien entendu ne purent prétendre à aucun dédommagement. Jusqu'à ce jour, personnne n'a cherché à savoir combien d'homophiles furent les victimes des poursuites nazies, ni ce qu'ils ont retrouvé de leur existence et de leurs biens, quand ils ont survécu."
Texte :Les homophiles dans les camps, B.M., "Die Runde"...
Photo : Clôture de barbelés électrifiés du camp de Sachsenhausen. (orig : Franck Dennis)