triangles-roses.org. La persécution des homosexuels sous le régime nazi.

 
   
 
photos - les années brunes (1)
   

En 1896, Adolf Brand publie le premier journal homosexuel, Der Eigene (Le Particulier).

"En 1896, Adolf Brand publie le premier journal homosexuel, Der Eigene (Le Particulier). En 1902, Brand scissione d'avec les sociaux-démocrates et fonde avec son ami l'écrivain Benedict Friedlander, la "communauté des particuliers" (Gemeinschaft des Eigenen).
Le groupe de presse de Brand et de la Communauté des Particuliers comprend également deux autres hebdomadaires de haut niveau culturel et un journal satirique."

Texte : Histoire d'un génocide oublié, Jean-Pierre Joecker...

Photo : Couverture de Der Eigene (orig :Race d'Ep ! Editions Libres/Hallier)
 

le "paragraphe 175", punissant d'une peine de prison pouvant aller jusqu'à cinq ans les rapports contre nature entre hommes.

"A la fin du XIXe siècle, on légifère en matière de sexualité. Alors qu'en France, le crime de sodomie disparaît avec la Révolution et échappe au code Napoléon jusqu'aux lois de Pétain, toujours en vigueur en 1981, l'Angleterre vote une loi anti-homosexuelle, l'Amendement Labouchère, dès 1885.
Le nouvel Empire allemand, dynamique et centralisateur, avait devancé la moralité victorienne en 1871 par l'adoption du code prussien, dont le "paragraphe 175", punissant d'une peine de prison pouvant aller jusqu'à cinq ans les rapports contre nature entre hommes."

Texte : Histoire d'un génocide oublié, Jean-Pierre Joecker...

Photo : Illustration du paragraphe 175 (orig : SchwulesMuseum, Berlin)
 

Adolf Hitler en 1923, au début de sa carrière politique

"Il convient aussi de rappeler qu'en 1933, sur proposition de sa commission de la Justice, le Reichstag était à la veille d'abroger [le paragraphe 175]. Il s'en est fallu de peu que les homosexuels ne fussent plus des délinquants aux yeux de la moribonde démocratie allemande de 1933. Les nazis héritèrent donc de justesse de l'article 175, ils se contentèrent d'aggraver l'incrimination et de prévoir, pour les homosexuels, la prison à vie : on sait ce que cela signifiait pour eux. On peut imaginer que, de toute façon, ils auraient ressuscité l'article 175. Mais aurait-on pu, par la suite, comptabiliser une telle décision parmi leurs crimes ?"

Texte : Réflexions et interrogations sur le massacre des homosexuels, Michel Vincineau...

Photo : Adolf Hitler en 1923, au début de sa carrière politique (orig : Hitler wie ihn Keiner kennt, Heinrich Hoffmann, 1932. Berlin: "Zeitgeschichte" Verlag - voir site : Nazi propaganda 1933-1945)
 

l'idéologie nazie ne se montra guère imaginative, elle puisa dans l'arsenal accumulé par les milieux les plus divers depuis le parti communiste jusqu'aux églises

"Les hitlériens tenaient dans le plus profond mépris la morale dite bourgeoise. En privé, ils ne manquaient pas de s'en gausser, mais ils ne se privaient pourtant pas de l'utiliser avec un art consommé lorsqu'elle convenait à leurs fins. Or, de même que l'antisémitisme, la répugnance à l'égard des homosexuels existait dans de larges couches de la population allemande bien avant les premières manifestations du nazisme. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, l'Allemagne avait connu une affirmation du mode de vie homosexuel tout à fait exceptionnelle à l'époque et qui, pour certains, sent encore le soufre aujourd'hui. (...) Devant ce phénomène, l'idéologie nazie ne se montra guère imaginative, elle puisa dans l'arsenal accumulé par les milieux les plus divers depuis le parti communiste jusqu'aux églises."

Texte : Réflexions et interrogations sur le massacre des homosexuels, Michel Vincineau...

Photo : Adolf Hitler, potographié lors d'un voyage en train, avant son accession au pouvoir. (orig : Hitler wie ihn Keiner kennt, Heinrich Hoffmann, 1932. Berlin: "Zeitgeschichte" Verlag - voir site : Nazi propaganda 1933-1945)
 

Sans déboucher sur une "solution finale", le national-socialisme n'en formula pas moins une véritable "question homosexuelle"

"La doctrine nazie en matière d'homosexualité, si elle sut intégrer et exploiter l'argumentaire et les réflexes homophobes traditionnels, ne se réduisit pourtant ni dans son discours ni dans ses pratiques à un simple héritage. Sans déboucher sur une "solution finale", le national-socialisme n'en formula pas moins une véritable "question homosexuelle" qui représentait non une préoccupation marginale, mais bien un enjeu majeur, obsessionnellement développé dans le discours, de la mise en oeuvre du contrôle sexuel sur lequel reposait le projet de régénération de la communauté raciale."

Texte : Négation, dénégation, Michel Celse et Pierre Zaoui...

Photo : Affiche nazie pour les élections présidentielles de 1932. La discrimination comme argument électoral. (orig : MDH)
 

En 1932, le gouvernement décide d'organiser tous les jeunes chômeurs en camps de travail

"En 1932, le gouvernement décide d'organiser tous les jeunes chômeurs en camps de travail : ils ouvrent directement la voie à la militarisation de la jeunesse par le parti national-socialiste. Précisément parce qu'il attache une telle importance à l'embrigadement de la jeunesse, le régime nazi ne croira jamais avoir assez fait pour se laver du soupçon d'homosexualité tenacement attaché à lui par les communistes et les démocraties occidentales."

Texte : Race d'Ep !, Guy Hocquenghem...

Photo : Jeunes chômeurs dans un camp de travail. (orig : Race d'Ep ! Editions Libres/Hallier)
 

Située au coeur de la capitale allemande, la célèbre boîte de nuit Eldorado était le point focal des nuits homosexuelles berlinoises.

"Pour les homosexuels qui, jusque là, n'avaient connu que la confusion et l'isolement, la découverte de l'existence d'une vie homosexuelle urbaine tenait parfois de la révélation."

Située au coeur de la capitale allemande, la célèbre boîte de nuit Eldorado était le point focal des nuits homosexuelles berlinoises.

Texte : De l'Eldorado au IIIe Reich, G. Koskovich...

Photo : L'Eldorado, photographié dans les années trente. (orig :G. Koskovich). Cliquez ici pour afficher une photo de l'Eldorado aujourd'hui.
 

Le Sturmabteilung (SA) recruta directement de jeunes chômeurs

"Le Sturmabteilung (SA) recruta directement de jeunes chômeurs, les revêtit d'un uniforme, les nourrit, leur inculqua un sens de la communauté militaire, avant de les déployer dans des groupes organisés pour semer la terreur chez leurs adversaires politiques et les groupes de minorité."

Texte : De l'Eldorado au IIIe Reich, G. Koskovich...

Photo : Parade de SA en 1932. (orig : Faschismus, Renzo Vespigiani. Elefanten Press, Berlin)
 

tout cela s'épiçait d'un trait éminemment homoérotique

"Le nazisme, avec sa sublimation du jeune adolescent nordique aux formes harmonieuses dans leur équilibre de forme et de beauté, et, de même, le principe, le dogme d'un Führer prédestiné, l'adoration par des communautés masculines d'un chef envoyé de Dieu, tout cela s'épiçait d'un trait éminemment homoérotique."

Texte : Magazine Voilà (édition de juin 1937)

Photo : Veillée, portrait de Walter Hartmann
 

l'idéologie anti-homosexuelle qui servit de prétexte à la Nuit des longs couteaux contribua incontestablement à cimenter l'approbation publique qui entoura l'évènement

"Parce qu'elle s'appuyait sur des préjugés existant au sein de la population, l'idéologie anti-homosexuelle qui servit de prétexte à la Nuit des longs couteaux contribua incontestablement à cimenter l'approbation publique qui entoura l'évènement. C'est cette approbation qui incita les nazis à penser qu'ils pourraient, à l'avenir, recourir au meurtre à grande échelle dans des conditions identiques."

Texte : De l'Eldorado au IIIe Reich, G. Koskovich...

Photo : Groupe de SA au repos après une parade. Röhm et Hitler en médaillon. (orig : Magazine Voilà, édition juin 1937)
 

Le relèvement et la progression de la natalité devinrent l'obsession permanente des dirigeants du IIIe Reich

"Le relèvement et la progression de la natalité devinrent l'obsession permanente des dirigeants du IIIe Reich, qui devaient user de tous les moyens possibles pour favoriser un tel accroissement, de manière que l'Allemagne puisse disposer de 120 millions de purs Aryens à la fin d'une période qu'ils limitaient à 50 ans. Le plan racial établi par les nazis ayant donc posé comme règle impérative l'obligation du "plus grand nombre possible", il se comprend alors pourquoi fut condamnée l'homosexualité qui, de par sa nature, contrariait l'objectif recherché."

Texte : Le Triangle Rose, Jean Boisson...

Photo : Mariage collectif de membres de la SA. (orig : Faschismus, Renzo Vespigiani. Elefanten Press, Berlin)
 

L'art nazi s'avère être une des clefs d'analyse et de compréhension du régime national-socialiste

"L'art nazi s'avère être une des clefs d'analyse et de compréhension du régime national-socialiste. En tout cas, il permet d'appréhender la fascination exercée par l'homosexualité sur les nazis et son retournement en une impitoyable persécution. La production cinématographique du IIIe Reich est très marquée par l'homoérotisme. L'amitié masculine, la beauté virile, l'héroïsme en sont des constantes."

Texte : De la fascination à la persécution, Blaise Noël...

Photo : Cliché tiré de Olympia (Les Dieux du Stade), film de Leni Riefenstahl. Le film débute dans le temple de Zeus à Olympie où des athlètes nus symbolisent la Grèce éternelle. La première du film eut lieu à l'occasion du 49ème anniversaire de Hitler, le 29 avril 1938.
 

Les discoboles, de Karl Abiker, réalisés pour les Jeux olympiques de 1937

"L'homoérotisme est plus que suggéré par l'art nazi qui prône le culte du corps masculin, nu, huilé et musclé, offert en des poses athlétiques suggestives, qui ne peuvent que faire naître le désir du spectateur pour un corps si parfait - non sans qu'à l'admiration et l'envie ne se mêlent des sentiments plus troubles que fortifient les incessants appels à la "camaraderie virile."

Texte : De la fascination à la persécution, Blaise Noël...

Photo : Les discoboles, de Karl Abiker, réalisés pour les Jeux olympiques de Berlin, en 1936. (orig : Florida Center for Instructional Technology)
 

Cet idéal homoérotique est alors associé au culte de la jeunesse, à la libération des moeurs et à la modernité berlinoise.

"La Première Guerre mondiale, en révélant l'horreur du corps jeune sacrifié et mutilé, bouleversa les représentations et contribua à valoriser la beauté physique, porteuse d'avenir, symbole de régénération. La célébration du corps nu, sain, sportif, tel qu'il est représenté dans les revues naturistes et homosexuelles (Der Eigene) ou magnifié par les photographies d'Herbert List et Horst P. Horst, connut son apogée dans l'Allemagne de Weimar. Cet idéal homoérotique est alors associé au culte de la jeunesse, à la libération des moeurs et à la modernité berlinoise."

Texte : Un imaginaire en construction, Florence Tamagne...

Photo : Franz dans le Rhin, de Herbert List (1929)
 
   
 
 
 
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