triangles-roses.org. La persécution des homosexuels sous le régime nazi.

 
   
 
photos - les années brunes (3)
   

Le Reichsführer Heinrich Himmler.

"Himmler, un gratte-papier arriviste, borné et méticuleux, accidentellement nanti de moyens disproportionnés par rapport à sa médiocrité, avait, dès 1933, organisé l'empire souterrain du nazisme : Sachsenhausen, Neunengamme, Buchenwald, Gross-Rossen, Flossenbürg, Mauthausen, Natzweiler."

Heinrich Himmler fut le principal architecte de la politique de répression et d'éradication mise en oeuvre à l'encontre des homosexuels. Petit-bourgeois issu d'une famille catholique très stricte, il adhère à la SS alors qu'elle n'est qu'un groupuscule. En 1929, Hitler le remarque et le nomme chef suprême de la SS avec le titre de Reichsführer. Himmler fera de cette organisation le fer de lance du nazisme et réunira entre ses mains un appareil répressif et policier d'une redoutable efficacité. A la tête de l'Etat SS, il dirigera la politique d'extermination du Troisième Reich...

Cliquez ici pour entendre un enregistrement du discours de Poznan (Pologne) prononcé par Heinrich Himmler le 4 octobre 1943, dans lequel il invite ses subordonnés SS à faire preuve de zèle dans l'extermination des Juifs. (Bande son originale sous-titrée en allemand et en anglais. 3,8 Mo.)

Texte : Ravensbrück, Germaine Tillion, Hachette, 1992

Photo : Le Reichsführer--SS Heinrich Himmler. (orig : USHM)

 

Un groupe de jeunes Autrichiens "contre nature" profite des derniers beaux jours avant l'orage nazi.

"En Autriche, la législation permettant de poursuivre les homosexuels, le paragraphe 129b qui réprimait les "relations sexuelles entre personnes du même sexe", demeura en vigueur de 1852 à 1971. Seuls la sévérité des condamnations et le nombre des jugements augmentèrent de façon spectaculaire après l'arrivée des nazis au pouvoir. Au cours des procès, les détails les plus intimes de la vie des accusés, obtenus avec zèle par la police et la Gestapo au terme d'enquêtes souvent déclenchées par des dénonciations, étaient livrés à un public avide de sensations fortes."

Texte : The Nazi persecution of homosexuals in Vienna, Hosi Wien...

Photo : Un groupe de jeunes Autrichiens "contre nature" profite des derniers beaux jours avant l'orage nazi. (orig : HOSI Wien)
 

Un groupe d'habitués de l'Eldorado de Berlin.

"Ce n'est que lorsque les nazis eurent réduit en cendres l'oeuvre de sa vie que Magnus Hirschfeld concéda qu'il n'était pas parvenu à prouver que les homosexuels se distinguaient par des caractéristiques biologiques et physiologiques différentes, et qu'il avait, contre son gré, alimenté les préjugés de la population en attribuant aux homosexuels masculins des caractéristiques "féminines". Ses travaux n'avaient réussi qu'à renforcer le sentiment majoritairement répandu selon lequel les homosexuels n'étaient pas "de vrais hommes", et qu' ils étaient donc inférieurs."

Texte : Before the Storm, Richard Plant...

Photo : Un groupe d'habitués de l'Eldorado de Berlin. (orig : Magazine Voilà, édition du 1er juillet 1933)
 

Un couple photographié à Berlin en 1926

"Au début du XXe siècle, les territoires sexuels, sociaux et intellectuels des homosexuels et des lesbiennes s'étaient étendus aux cafés, aux salons de thé, aux brasseries, aux boîtes de nuit, aux saunas, aux librairies, aux clubs de sport et de loisirs, aux petits hôtels, aux petits immeubles et à quelques quartiers des villes. Dans certains cas, il s'agissait de lieux mixtes où l'accueil allait de la simple tolérance à l'accolade de bienvenue; dans d'autres, il s'agissait de milieux exclusivement homosexuels, souvent dirigés par des patrons eux-mêmes homosexuels."

Texte : De l'Eldorado au IIIe Reich, G. Koskovich...

Photo : Un couple photographié à Berlin en 1926. (orig : Schwules Museum, Berlin)
 
Amis photographiés à Berlin dans les années 1930

"En 1914, Berlin comptait quelque quarante bars homosexuels (y compris quelques établissements fréquentés exclusivement par les lesbiennes), plusieurs journaux homosexuels et de mille à deux mille prostitués. Au début des années 1920, cette évolution avait, dans une moindre mesure, gagné les autres villes allemandes."

Texte : De l'Eldorado au IIIe Reich, G. Koskovich...

Photo : Amis photographiés à Berlin dans les années 1930. (orig : Schwules Museum, Berlin)

 
Couple photographié à Berlin en 1930

"Les nazis entreprirent dès 1933 – et non après la “Nuit des longs couteaux”, comme il a pu souvent être dit – leur travail de terreur à l'égard des homosexuels, fermant les bars, interdisant toute organisation, orchestrant de massives campagnes de propagande anti-homosexuelle, et surtout multipliant les razzias de police et les exactions physiques dans les lieux de rencontre. Sur un plan juridique, la mainmise des nazis sur la justice permit une application zélée d'abord du paragraphe 175 existant, puis d'une nouvelle version à compter de 1935."

Texte : Négation,dénégation, Michel Celse et Pierre Zaouï...

Photo : Couple photographié à Berlin en 1930. (orig : Schwules Museum, Berlin)

 

Photos anthropométriques de Ernst Lieder

"Ernst Lieder travaillait au Silhouette, un bar fermé par les nazis en 1933. Placé en détention provisoire, Ernst Lieder fut relâché par la Gestapo qui voulait le surveiller et obtenir le nom des amis qu'il fréquentait. Mais cette stratégie s'avéra inopérante. Il était alors fréquent pour les autorités d'exercer une pression sur les patrons et les serveurs de cafés fréquentés par les homosexuels, ainsi que sur les prostitués, pour qu'ils révèlent les nom et adresse de leurs clients.
On ignore le sort réservé à Ernst Lieder par les nazis."

Texte : Schwules Museum, plaquette exposition 2000.

Photo : Photos anthropométriques de Ernst Lieder. (orig : Schwules Museum, Berlin)
 

Raid d'étudiants nazis sur l'Institut de la Science Sexuelle de Magnus Hirschfeld, le 6 mai 1933.

"C'était très tôt le matin. Véhiculés par camions et accompagnés d'un orchestre de cuivres, une centaine d'étudiants firent une razzia sur l'Institut. Ils brisèrent la porte et se précipitèrent à l'intérieur de l'immeuble. Ils passèrent la matinée à renverser de l'encre sur les tapis et les manuscrits. Ils remplirent les camions de livres de la bibliothèque ainsi que des ouvrages qui n'avaient rien à voir avec la sexualité : des travaux historiques, des revues d'art, etc. Dans l'après-midi, une troupe de SA arriva. Les Chemises brunes se mirent à faire des recherches minutieuses. Ils donnaient l'impression de savoir ce qu'ils cherchaient."

Texte : Christopher and his kind, Christopher Isherwood (1976)

Photo : Raid d'étudiants nazis sur l'Institut de la Science Sexuelle de Magnus Hirschfeld, le 6 mai 1933. (orig : société Magnus Hirschfeld)
 

Raid d'étudiants nazis sur l'Institut de la Science Sexuelle de Magnus Hirschfeld, le 6 mai 1933.

"Dès leur arrivée au pouvoir au début de l'année 1933, les nazis entreprirent rapidement de transformer cette idéologie en politique nationale et d'élaborer les stratégies permettant de définir les homosexuels comme des êtres inférieurs et le désir homosexuel comme une menace pour la société. Ces objectifs se dessinent nettement à travers une série d'actions entreprises entre 1933 et 1936, qui se soldèrent par l'anéantissement des mouvements homosexuels et de la culture homosexuelle florissante."

Texte : De l'Eldorado au IIIe Reich, G. Koskovich...

Photo : Etudiants nazis devant l'Institut de la Science Sexuelle de Magnus Hirschfeld, le 6 mai 1933. (orig : société Magnus Hirschfeld)
 

Raid d'étudiants nazis sur l'Institut de la Science Sexuelle de Magnus Hirschfeld, le 6 mai 1933.

"En 1930, le §175 faillit être supprimé, sous l'effet d'une pétition [due au médecin Magnus Hirschfeld] à laquelle s'associèrent d'éminents mouvements pour les droits de l'homme et du citoyen et presque toute l'élite intellectuelle et artistique de la République de Weimar. Mais la montée du nazisme l'en empêcha et la loi fut même fortement durcie en 1935, pour punir de prison la simple présomption d'homosexualité, ce qui ouvrait tout grand la porte à la délation."

Texte : La déportation homosexuelle, Mario Kramp...

Photo : Etudiants nazis devant l'Institut de la Science Sexuelle de Magnus Hirschfeld, le 6 mai 1933. (orig : société Magnus Hirschfeld)
 

Etudiant allemand et membre de la SA fouillant les archives de l'Institut de la Science Sexuelle de Magnus Hirschfeld, le 6 mai 1933

"Les étudiants en médecine se sont portés volontaires pour le "nettoyage" de ce lieu qui, subventionné par le gouvernement, trônait honteusement au milieu de la capitale.
Quelques années auparavant, des dignitaires nazis avaient consulté chez le Dr Hirschfeld et redoutaient sans doute que l'on puisse utiliser des dossiers révélant leur homosexualité."

Texte : Les Oubliés de la Mémoire, Jean Le Bitoux, Editions Hachette, avril 2002.

Photo : Etudiant allemand et membre de la SA fouillant les archives de l'Institut de la Science Sexuelle de Magnus Hirschfeld, le 6 mai 1933. (orig : USHM)
 

L'Institut de la Science Sexuelle de Magnus Hirschfeld mis à sac par les nazis.

"La destruction du mouvement homosexuel et de l'imagerie homosexuelle débuta le 6 mai par l'irruption d'une centaine d'étudiants nazis dans l'Institut de la Science Sexuelle de Magnus Hirschfeld, qu'un théoricien du parti qualifia plus tard de "dépotoir et de terreau à vermine sans équivalent". Les étudiants détruisirent tout ce qui leur tomba sous la main. Ils confisquèrent plus de 12000 livres et la précieuse collection de photographies archivées dans le centre."

Texte : De l'Eldorado au IIIe Reich, G. Koskovich...

Photo : L'Institut de la Science Sexuelle de Magnus Hirschfeld mis à sac par les nazis. (orig : Magazine Voilà, édition du 1er juillet 1933)
 

Le bûcher des livres non-allemands allumé devant l'Opéra de Berlin.

"Dans la nuit du 10 mai, la bibliothèque et les archives de l'Institut allèrent rejoindre les livres "non-allemands" sur le gigantesque bûcher allumé devant l'Opéra de Berlin."

Texte : De l'Eldorado au IIIe Reich, G. Koskovich...

Photo : Le bûcher des livres non-allemands allumé devant l'Opéra de Berlin. (orig : Magazine Voilà, édition du 1er juillet 1933)
 

Membre de la SA jetant des livres non-allemands dans le bûcher allumé devant l'Opéra de Berlin.

"(...) Contre la lutte des classes et le matérialisme, pour la communauté du peuple et une philosohie idéaliste, je mets au feu les écrits de Karl Marx et de Trotski. Contre la décadence et la décomposition morale, pour la dignité et les bonnes moeurs dans la famille et l'Etat, je remets au feu les écrits de Heinrich Mann (...) Contre l'exagération destructive de la vie instinctive, pour la noblesse de l'âme humaine, je remets au feu les écrits de Sigmund Freud." Déclaration des étudiants devant le bûcher des livres non-allemands allumé devant l'Opéra de Berlin

Texte : Les Oubliés de la Mémoire, Jean Le Bitoux, Editions Hachette, avril 2002.

Photo : Membre de la SA jetant des livres non-allemands dans le bûcher allumé devant l'Opéra de Berlin. (orig : USHM)
 

Le bûcher des livres non-allemands allumé devant l'Opéra de Berlin

"Dans un premier temps, les homosexuels interprétèrent ces attaques comme l'expression d'un antisémitisme visant Hirschfeld et Hiller. A l'instar des nombreux juifs qui, même après la proclamation des lois de Nuremberg en 1935, voulaient croire "que les choses finiraient par se tasser," qu'Hitler ne mettrait pas à exécution les menaces qu'il proférait depuis 1925, l'année de la publication de Mein Kampf, la majorité des homosexuels interprétèrent de façon érronée ces signes avant-coureurs de danger. Certains trouvèrent des motifs d'optimisme dans le fait que l'un des dirigeants nazis les plus influents, Ernst Röhm, était notoirement homosexuel. Sans doute pensaient-ils que Röhm serait en mesure de les protéger. C'était là une erreur monumentale."

Texte : The Pink Triangle, Richard Plant, Henry Holt Publ. 1986

Photo : Le bûcher des livres non-allemands allumé devant l'Opéra de Berlin. (orig : USHM)
 

Le Ministre de la Propagande, Joseph Goebbels

"[L'arrivée au pouvoir d'Hitler] sonne le glas sur Berlin. La haine nazie emporte tout sur son passage : des centres de recherche, des ressources culturelles, des commerces, des médias, des organisations sociales. Des hommes aussi. La chasse systématique des homosexuels commence, annoncée de longue date."

Texte : Les Oubliés de la Mémoire, Jean Le Bitoux, Editions Hachette, avril 2002.

Photo : Le Ministre de la Propagande, Joseph Goebbels, prononçant un discours devant le bûcher des livres non-allemands allumé devant l'Opéra de Berlin. (orig : USHM)
 

L'Eldorado fermé par les nazis.

Dans l'Allemagne nazie, le 8 mars 1933, les premiers camps de concentration ouvrent leurs portes. Berlin, qui était considéré comme la capitale de la liberté homosexuelle, devient le théâtre d'une active répression : les boîtes de nuit, les lieux de rencontre, les cafés et les bars homosexuels sont fermés, et les hommes et les femmes qui les fréquentaient sont arrêtés, incarcérés ou déportés. Les nazis ont entrepris de purifier l'Allemagne de ce qu'ils considèrent comme une gangrène sociale.

Texte : Webmaster

Photo : L'Eldorado de Berlin fermé et réaffecté par les Nazis en 1933. Cliquez ici pour afficher une photo de l'Eldorado aujourd'hui.(orig : USHM)
 

Magnus Hirschfeld à Paris.

"Hiller [le collaborateur d'Hirschfeld] fut arrêté par les nazis. Hirschfeld échappa à l'arrestation parce qu'il se trouvait à l'étranger.[Quelques jours après le raid des étudiants nazis sur son Institut et l'auto da fe organisé devant l'Opéra de Berlin] en regardant les actualités dans un cinéma parisien, Hirschfeld eut le sentiment d'assister à son propre enterrement. Il demeura en exil jusqu'à sa mort en 1935."

Texte : De l'Eldorado au IIIe Reich, G. Koskovich...

Photo : Magnus Hirschfeld à Paris. (orig : Magazine Voilà, édition du 1er juillet 1933)
 

Photos anthropométriques de Friedrich Althoff, serveur à Düsseldorf, arrêté le 25 janvier 1938 pour infraction au paragraphe 175.

"Les homosexuels entrent ainsi dans l'engrenage de la ségrégation, de l'arbitraire et de l'horreur. Sur une échelle plus large, attisée par les pouvoirs en cours, la haine sociale charrie les opposants politiques comme les juifs, les filles de mauvaise vie comme les francs-maçons, les amoureux du Jazz comme les fous de l'abstrait, les chercheurs de l'atome comme les inventeurs du dodécaphonisme, les braconniers comme les paresseux, les homosexuels comme les Tsiganes."

Texte : Les Oubliés de la Mémoire, Jean Le Bitoux, Editions Hachette, avril 2002.

Photo : Photos anthropométriques de Friedrich Althoff, serveur à Düsseldorf, arrêté le 25 janvier 1938 pour infraction au paragraphe 175. (orig : USHM)
 

Homosexuels autrichiens victimes des nazis.

"En Autriche, de nombreux jeunes hommes furent enrôlés dans la Wehrmacht. Certains d'entre eux étaient homosexuels. Bien évidemment, l'homosexualité s'étendait au-delà de la simple sphère civile et bon nombre d'homosexuels entretenaient des relations avec des militaires ou étaient eux-mêmes des militaires. Ces derniers se trouvaient dans l'absolue nécessité de conserver secrète leur orientation sexuelle. Certains, découverts ou dénoncés, furent abattus au sein même de leur régiment."

Texte : The Nazi persecution of homosexuals in Vienna, Hosi Wien...

Photo : Homosexuels autrichiens victimes des nazis. (orig : HOSI Wien)
 

Herschel Grynszpan

" Le 7 novembre 1938, Herschel Grynszpan abat dans l'ambassade d'Allemagne à Paris le conseiller Ernst vom Rath. Cet assassinat sera exploité par les nazis pour stigmatiser la conspiration de la "juiverie internationale". Dans la nuit du 9 novembre, à l'initiative de Göring, des pogroms auront lieu dans toute l'Allemagne. Ce déchaînement de violence organisé par le Reich contre une partie de sa population est resté dans l'Histoire sous le nom de Kristallnacht, la Nuit de cristal. En 1941, Herschel, qui avait été incarcéré en France, est interné par les nazis dans le camp de Sachsenhausen, mais à l'automne 1942 les préparatifs du procès qui devait l'envoyer à l'échafaud sont interrompus sans motivations officielles lorsque le jeune homme déclare avoir été l'amant du conseiller d'ambassade. Le jeune Grynszpan et le conseiller vom Rath s'étaient rencontrés en fréquentant le milieu homosexuel parisien, au "Bœuf sur le toit" notamment. En 1938, André Gide écrivait : « On saurait de source certaine que l'attaché d'ambassade von (sic) Rath qui vient d'être assassiné avait les relations les plus intimes avec son petit Juif d'assassin. De quelle nature fut l'assassinat ? Il n'importe. L'idée qu'un représentant du Reich, qui vient d'être glorifié, péchait doublement au regard des lois de son pays, est assez drôle, et les représailles atroces n'en paraissent que plus monstrueuses, plus simplement intéressées, utilitaires. Comment ce scandale n'est-il pas exploité par la presse ? »

Texte : Webmaster

Photo : Herschel Grynszpan photographié après son arrestation. Il est âgé de dix-sept ans.
   
 
 
 
 
 
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