triangles-roses.org. La persécution des homosexuels sous le régime nazi.

 

 

 

 

actualité de la répression dans le monde - du 28 avril 2001 au 9 août 2001

9 août 2001 - Le Temps (Genève)

Chasse aux sorcières contre les homosexuels en Egypte

  Depuis le 11 mai dernier, 52 Egyptiens sont détenus en prison. Cinquante-deux hommes «soupçonnés» d'être homosexuels. Malgré les réactions des organisations internationales des droits de l'homme, leur procès devant la Cour de sûreté d'Etat du Caire, qui s'était ouvert le 18 juillet dernier, reprendra le 15 août prochain. Les «accusés» risquent jusqu'à 5 ans d'emprisonnement. Diverses manifestations pour leur libération sont prévues dans le monde: l'une d'elles se tiendra à Genève sur la place des Nations le 15 août, jour où se tiendra également la réunion annuelle de la Commission des droits de l'homme de l'ONU. La Suisse, les Etats-Unis et Amnesty International vont envoyer un observateur au procès.

Arrestations violentes

Retour sur les faits (Voir article du Cairo Times plus bas). Le 11 mai, vers 2 heures du matin, les noctambules qui passaient leur soirée sur le Queen Boat, un bateau Night-Club amarré sur le Nil, ont vu débarquer une dizaine de policiers qui se sont livrés à des arrestations. Le bateau était connu pour être un lieu où se retrouvaient des gays, mais pas seulement: il s'agit de l'un des rares clubs au Caire où l'on n'a pas besoin de venir en couple. D'après des témoins de la scène, a rapporté le Cairo Times, les arrestations ont été violentes. Un professeur de médecine de l'Université a notamment été frappé au visage parce qu'il refusait de suivre les policiers. Ceux-ci n'ont appréhendé que des Egyptiens, laissant les quatre femmes présentes et les étrangers tranquilles. Dans un communiqué alarmant daté du 8 juin, Amnesty International se dit «extrêmement inquiète des informations selon lesquelles ces hommes auraient été torturés et maltraités pendant les premiers jours de leur détention». La presse égyptienne a également révélé que les détenus avaient été soumis à un examen médical afin de déterminer s'ils avaient ou non eu des rapports sexuels anals.
Pourtant, rien dans la loi égyptienne n'interdit l'homosexualité. Les chefs d'accusations sont autres: les 52 accusés sont soupçonnés de «comportement immoral» et «d'outrage à la religion», une disposition du Code pénal assez vague qui a permis cette année d'arrêter un écrivain et le leader d'une petite communauté religieuse. Les 52 hommes seront jugés par la Cour de sûreté d'Etat du Caire, un tribunal d'exception dont les décisions ne peuvent être déférées en appel. Une telle procédure viole les dispositions du Pacte international relatif aux droits civil et politique garantissant un procès équitable et dont l'Egypte est signataire.
Grâce à une campagne de presse de dénigrement habilement orchestrée, les médias «révélaient» le lendemain de l'arrestation que les 52 hommes s'adonnaient à des cultes sataniques et qu'ils se livraient sur le bateau à des mariages homosexuels. Lorsque le procureur a enfin démenti ces informations, l'opinion publique s'était forgé une idée fausse de la situation. Certains quotidiens ont même dévoilé les photos, les noms, adresses, emploi de certains accusés. Ce en violation du droit égyptien, ainsi que le rapporte la déclaration conjointe d'Human Rights Watch et de la Commission internationale pour les droits des gais et lesbiennes datée du 3 juillet.
Si les organisations internationales des droits de l'homme ont immédiatement réagi, ce ne fut pas le cas des bureaux locaux. Certains représentants affichant même des positions clairement homophobes: à l'instar du secrétaire général de l'Organisation des droits de l'homme égyptienne Hafez Abu Saada qui a déclaré au Cairo Times: «Personnellement, je n'aime pas le sujet de l'homosexualité, et je ne veux pas défendre ces hommes.» Le journaliste Hossam Bahgat qui avait quitté le Cairo Times peu après cette arrestation qu'il avait couverte pour le journal, avait été engagé par l'Organisation des droits de l'homme égyptienne (EOHR). Dans un article qu'il a rédigé pour un mensuel américain, il a dénoncé l'attitude passive des organisations humanitaire égyptiennes. Ce qui lui a valu d'être licencié sur-le-champ par le «chairman» du EOHR, qui se trouvait être également le rédacteur en chef du Cairo Times.
«Le gouvernement a lancé cette opération pour plusieurs raisons, analyse Hossam Bahgat, de passage à Genève, où Le Temps l'a rencontré. Tout d'abord, la situation économique s'est dégradée depuis ces dernières années: pauvreté, chômage, dévaluation de la livre égyptienne... Faire éclater une telle affaire, c'est une manière de détourner l'attention du public. Il y a des raisons électorales également: les opposants islamistes gagnent de plus en plus de soutien au sein de la population. Afin de les contrer sur leur propre terrain, le gouvernement veut se poser comme le gardien de la vertu publique», ajoute-t-il.
Le gouvernement met donc une pression de plus en plus forte sur la communauté homosexuelle. En janvier déjà, le ministre de la Culture avait autorisé l'autodafé de 6000 de livres du poète Abou Nawas (VIIIe s.) et de ses vers chantant l'érotisme homosexuel. «En tout cas, le gouvernement voulait intimider les gays et il a réussi», confie Hossam Bahgat. Il parle du climat de terreur qui règne désormais dans la communauté homosexuelle. «De nombreux gays ont quitté le pays», dit-il.
Lorsqu'on va sur le site Internet egyptgay.com la première chose que l'on remarque est cet avertissement en lettres rouges: «Attention: la police de sûreté d'Etat égyptienne pourrait vous surveiller. Essayez d'éviter de vous connecter toujours depuis le même ordinateur.» Sur le site, on trouve des mails: dans l'un d'eux figure un appel au boycott de l'Egypte, dans un autre, un Egyptien vivant à l'étranger exprime sa honte. Mais l'attitude de la société égyptienne est plus mitigée. Même s'il y a eu des voix qui se sont élevées lors de l'ouverture du procès pour dire que «les charges sont de la pure fiction», la majorité reste silencieuse. «Ce qui m'inquiète le plus, souligne Hossam Bahgat, ce n'est pas tant l'attitude du gouvernement, que celle de la société égyptienne tout entière. Elle est de plus en plus conservatrice et homophobe. Après l'arrestation des 52 hommes, une femme a témoigné en faveur de son frère arrêté: elle a clamé son «innocence» affirmant que s'il avait été homosexuel, jamais elle ne l'aurait défendu. En Egypte, un homosexuel risque aujourd'hui de perdre son job, ses amis, sa réputation, sa famille, et 5 ans de prison.»

Isabelle Cerboneschi
Jeudi 9 août 2001

www.letemps.ch

 
15 août 2001 - International Gay and Lesbian Human Rights Commission (IGLHRC)

Egypt: Pressure mounts as homosexual trial begins

  SAN FRANCISCO - The International Gay and Lesbian Human Rights Commission (IGLHRC) issued an urgent call to the Egyptian government, calling for the immediate release of 52 men detained because of their alleged homosexuality.  International pressure mounts on Egypt as the men's trial is due to start August 15.

The 52 men have been in detention since their arrest May 11, 2001.  They are being charged with "obscene behavior" and "contempt of religion." The trial set for August 15 will take place in front of a special Emergency State Security Court.

"We have been monitoring this case since its beginning in May," stated Scott Long, Program Director at IGLHRC. "The Egyptian government hasn't shifted its stance, and human rights defenders in Egypt are in danger. International attention is  now more critical than ever since, under Egypt's emergency laws, the sentences of this court cannot be appealed." Reports from the prison indicate that the men were subjected to beatings and to forensic examinations in order to ascertain whether they had engaged in anal intercourse.  Meanwhile, outside the prison walls, the tightly State-controlled media has engaged in a campaign of vilification against the imprisoned men, referring to them as "Satanists" and perverts.

"This perversion of justice must stop. The government of Egypt must release the men immediately and unconditionally," affirmed Surina Khan, IGLHRC's Executive Director.  "We call on the Egyptian government to
repeal the two-decade old emergency legislation permitting trials with no appeal."

As the men go to trial, international pressure on Egypt grows.  Following IGLHRC's initial action alert on May 16th, the United Nations' Special Rapporteur on the Independence of Judges and Lawyers,  the UN Special Rapporteur on Torture, and the UN Working Group on Arbitrary Detention sent an urgent appeal to the Egyptian government on May 17th.   On July 3rd Human Rights Watch issued a joint statement  with IGLHRC condemning the arrests.  On August 3rd 35 members of Congress signed on a letter drafted by U.S. Representatives Barney Frank and Tom Lantos to Egypt's President Hosni Mobarak, expressing "strong disapproval" over the arrests. On August 15th, the day the trial opens, Al-Fatiha - an international organization of Muslims who are lesbian, gay, bisexual, transgender, or questioning - is organizing an International Day of Solidarity and Morning. Cities where demonstrations and rallies are planned include: Atlanta, Berlin , Canberra, Geneva, London, New York, Paris, San Francisco, Washington DC, and Vancouver.

IGLHRC is a US-based non-profit, non-governmental organization that works to protect and advance the human rights of all people and communities subject to discrimination or abuse on the basis of sexual orientation,
gender identity, or HIV status.

For additional background information see Perversion of Justice; Protest the Cairo Trial!
(
http://www.iglhrc.org/world/africa/Egypt2001Aug.html#Background), and additionally http://www.iglhrc.org/world/africa/index.html#Egypt

> International Gay and Lesbian Human Rights Commission
> 1360 Mission Street, Suite 200 o San Francisco, CA  94103 USA 
> T: 1.415.255.8680
> F: 1.415.255.8662
> E:
http://www.iglhrc.org

For additional information, contact:
Sydney Levy (IGLHRC), +1-415-255-8680 (office), +1-415-577-8680 (cell),

 
24 juillet 2001 - The Associated Press

Moscow Mayor Rebuffs Gay Parade

  MOSCOW (AP) - The Moscow mayor's office harshly rebuffed requests for permission to hold a Gay Pride parade, saying Monday that such an event would amount to ``propaganda of dissipation.''
With various festive parades a typical sight in Moscow during holidays, the office of Moscow Mayor Yuri Luzhkov said it has been flooded by requests to allow a Gay Pride parade. The latest one asked for a parade to be held on the Day of the City this fall, when various other groups march across the centerof Moscow.
Luzhkov's press service issued a stern statement saying that ``the city government will not allow holding this march in Moscow on the Day of the City or on any other day, because such demonstrations outrage the majority of the capital's population, are in effect propaganda of dissipation and force upon society unacceptable norms of behavior.''
Homosexuality was a crime punishable by prison time in the Soviet era. Gay culture grown in Moscow and other large cities in the past decade, but remains frowned upon by most of the population. Luzhkov's statement added that homosexuality ``goes against traditional moral values of most Russians, as well as the canons of the main religious confessions in the city.''
 
19 juin 2001 - Article paru dans "USA Today" (Associated Press)

Homophobia is a health hazard

  Members of the American Medical Association, discussing Monday at the association's annual meeting, said reversing policies that exclude gays could help "lower the increased risk of suicide in the adolescent homosexual population." The proposal does not explicitly name the Boy Scouts of America, but the member who raised the issue is a Scout troop leader in Rhode Island. Steve DeToy, government affairs director for the AMA in Rhode Island, said he knew of no other national youth groups with policies to exclude gays. (...)

Patricia Dunn, public policy director at the Gay and Lesbian Medical Association, said several studies have shown that gay, lesbian and bisexual youths face an increased suicide risk. A Massachusetts survey published this month in the American Journal of Public Health found that gay high school students were about four times more likely to have attempted suicide as heterosexual students. (...)

The AMA proposal also says that teen suicide rates are lower in states that have anti-discrimination laws.

 
18 juin 2001 - Bulletin d'information du magazine"Têtu"

Un maire homosexuel à Berlin

  Klaus Wowereit (SPD) a été élu samedi 16 juin par les députés du parlement régional de Berlin pour succéder à Eberhard Diepgen (CDU), démissionnaire à la suite de l'adoption d'une motion de censure. Le nouveau maire de Berlin, âgé de 47 ans, avait créé la sensation en se déclarant ouvertement homosexuel, dimanche 10 juin lors d'un congrès régional du SPD. Il est le premier homme politique allemand d'envergure à avoir fait son "coming out".
 
15 juin 2001 - Vienna, Austria (HOSI Wien)

Destruction of an exhibition on Nazi persecution of homosexuals (Compte-rendu en français en bas de colonne.)

   Following is a message by Dr Klaus Müller:
'I just got a report that the exhibition on the Nazi persecution of gay men and lesbian women in Vienna was destroyed by vandals one night before its official opening. The exhibition - an ensemble of columns in the shape of pink triangles - was organized by Hosi Vienna and documented the Nazi persecution of homosexuals in Austria through texts, photos and documents. The exhibition was displayed on the 'Heldenplatz', a central large place in Vienna. Nearly all the columns were severely damaged and removed from their basement - a destruction impossible without preparation and time.   Only days before, on June 11, we had a very well visited panel discussion on the Nazi persecution of gay men and lesbian women in Austria in Vienna, following the screening of 'paragraph 175', a film on the Nazi persecution of homosexuals. Pierre Seel, a gay French survivor, had warned during this discussion that neo-fascists are on the rise in France and reported about threats he received. Kurt Krickler from Hosi Vienna had shown me the exhibition while it was mounted on June 12, and I was impressed by its concept and historical information.  Only a week ago, the ruling government of FPÖ und ÖVP denied once again to recognize homosexuals as victims of the Nazi regime in a parliamentary decision. This is a very serious incident, and we should react accordingly. (...) Vienna needs financial assistance to reestablish the exhibition.'

HOSI Wien's reply to this message:

'Here a short up-date about  the events. Indeed, the exhibition financed from the Austrian share of the looted nazi gold, was vandalised in the night from Wednesday to Thursday. I could not report to you earlier as yesterday (Thursday) and today were quite busy, dealing with the police, informing the media, discussing with the curators what to do etc.  The exhibition was put up already on Tuesday to allow for an extra day in case it takes more than a day to put the exhibition up (Thursday was a public holiday here so the company did not work on that day). There were no problems from Tuesday to Wednesday. On Wednesday, the main evening news journal on national TV had a report on the exhibition. Maybe that  attracted the hooligans. Anyway, Thursday morning a HOSI Wien member who passed by Heldenplatz saw that almost all 14 exhibition pillars or columns were overthrown and she phoned me. The pillars were not destroyed, so people who have not seen them the day before could think it's still work in progress or even think this is how it should be  - you  can see photos of the exhibit before and after on our web-site at www.hosiwien.at/ns (there are also photos from the panel discussion with Pierre Seel on 11 June), and read the press release on the start page www.hosiwien.at. Anyway, we decided nevertheless to open the exhibition as planned on Thursday evening. Since it was a holiday, there was no way to have it repaired by the evening. It really was a shock for many people, and many wrote us in solidarity, and showed up at the opening. And people spontaneously took the initiative (without telling us) and spend last night there till dawn to have an eye on the exhibit. The media covered the attack, too, including again the main evening news show on national television, and Friday's newspapers. The Vienna City Councillor for cultural affairs phoned us on Friday morning and told us they will pay for repairing the exhibition. Another Councillor offered to pay for the surveillance of the place during nights (which could not be organised during this long weekend here but will be done on Monday), and to order the Vienna fire brigade to fix equipment to light the place during the nights - which will also be organised on Monday. We decided to have the eleven pillars repaired. This was done on Friday, it took the whole day because the iron base which anchored the columns in the soil had to be replaced which meant that the columns had to be disassembled, the new base had to be anchored in the soil, and then the pillars could be assembled again. It is rather strange that there are no eye witnesses to the attack, because this is a place which is never completely deserted, people would pass by there also in the night, there is a disco nearby, and what is most surprising, the police did not take notice of the attack although the place of the exhibit is only 200 m walking distance from the Federal Chancellery and the office of the Federal President which we assumed would be especially police-protected. But maybe not because everybody had left for the long weekend...'
Kurt Krickler

Compte-rendu tiré du bulletin d'information de Têtu du 18 juin 2001 :

Europride: la ville de Vienne va dédommager  une exposition vandalisée. (Autriche)  

La ville de Vienne s'est engagée vendredi 15 juin à  réparer et surveiller une exposition sur les persécutions des homosexuels sous le nazisme présentée dans le cadre de l'Europride et qui a été vandalisée dans la nuit de jeudi à  vendredi. La municipalité "s'est engagée à soutenir cette exposition en signe de solidarité" avec les homosexuels, a affirmé à l'AFP Daniel Loecker du bureau du conseil municipal. Le conseiller municipal aux affaires culturelles,  Andreas Mailath-Pokorny s'est déclaré "profondément choqué" par l'acte de vandalisme par lequel 11 des 14 colonnes d'informations sur les persécutions des homosexuels sous le  nazisme ont été renversées. L'exposition, présentée sur la  place des Héros, où Adolf Hitler a proclamé l'annexion de l'Autriche par le Troisième Reich en 1938, a été saccagée avant même son inauguration jeudi. "Il s'agit certainement d'un acte de haine envers les homosexuels commis par des homophobes ou des néonazis", a déclaré à l'AFP Kurt Krickler de la plus vieille et plus importante association d'homosexuels à Vienne, HOSI. "La ville a promis de payer les réparations et de faire surveiller l'exposition" présentée dans le cadre du programme de la grande manifestation homosexuelle européenne, l'Europride, et qui s'achève le 12 juillet, a-t-il ajouté (avec AFP).

 
7 juin 2001 - Article paru dans le magazine "Le Nouvel Observateur"

Castro, le grand castrateur
Du livre de souvenirs de Reinaldo Arenas, poète cubain persécuté par le régime castriste à cause de son homosexualité, le peintre Julian Schnabel a tiré un film magnifique. Extrait...

  «Toute ma vie, j'ai contemplé des rectangles » : peintre, Julian Schnabel est devenu cinéaste. Autrefois, il inventait un monde multicolore ; aujour- d'hui, il décrit une réalité féroce, un univers de persécution. Dans « Avant la nuit », superbe film tiré du livre de souvenirs de Reinaldo Arenas (1), il passe une fièvre rageuse : le poète cubain, traqué par le régime castriste à cause de son homosexualité, est mort en 1990 à New York, du sida. « Je vous parle d'un pays lointain », dit-il. D'un pays si lointain que les étoiles s'éteignent, et qu'il a fallu écrire les mots sur les murs des prisons.

Toute une vie vécue juste « avant la nuit » : le titre vient de ces moments où Arenas, recherché par la police à Cuba, se terre dans les bois pour jeter sur le papier quelques phrases avant l'obscurité, comme un bandit. Dès sa naissance, en 1943, les choses sont mal engagées : quand l'instituteur du village vient voir le grand-père Arenas pour lui dire que le gamin a des dons de poésie, le vieillard sort de la ferme, saisit une hache, agrippe le gamin et abat un arbre sur l'écorce duquel un poème est gravé. Peu à peu, le jeune Reinaldo prend conscience de son homosexualité - et de son talent. Quand Fidel Castro prend le pouvoir, Arenas est de tout coeur avec la revolucion : mais, très vite, le régime montre son vrai visage. Tandis que Reinaldo s'amuse sur les plages avec ses copains, passe ses nuits dans des amours de rencontre, n'hésite pas à mettre un masque de plongée pour vérifier, sous l'eau, le contenu des slips des baigneurs, une nuit épaisse tombe sur le pays. Ses livres sont interdits ? Il les fait sortir grâce à des touristes complaisants. Ses vers sont contre-révolutionnaires ? Il les transcrit sur du papier à cigarettes. Pour Julian Schnabel, « Reinaldo Arenas est le Walt Whitman latino ».

Très vite, la répression antigay va devenir épouvantable : jeté dans la cellule d'une forteresse, dépouillé de tout, Arenas vit les derniers jours de son calvaire cubain dans une fosse abjecte. Ses amis sont là, dans ce cloaque, essayant de survivre malgré la chaleur, la crasse, la maladie. Quand Reinaldo Arenas entendra parler des vagues de marielitos, ces laissés-pour-compte de la société cubaine dont Castro voudra se débarrasser, il se glissera dans la fournée. Assassins, fous, asociaux : tous seront débarqués, par milliers, sur les côtes de Floride. Castro voulait gangrener la société américaine en expédiant tous ses rebuts : il ne fit que libérer des tire-laine et des malheureux. Plus tard, en entendant un universitaire new-yorkais faire l'éloge de Castro lors d'un buffet luxueux, Arenas laissera libre cours à sa colère. « Aucun Cubain n'a une assiette aussi bien remplie que la vôtre », dira-t-il au professeur médusé, avant d'écraser cette assiette sur un mur. La mort viendra peu après : lèvres blanchies, yeux agrandis par la maladie, Arenas se laissera glisser dans l'obscurité devant son amant, Lazaro. La nuit, alors, finit. (...)

« Avant la nuit », de Julian Schnabel. Sortie en salles le 13 juin.
(1) Réédité dans la collection « Babel », chez Actes Sud, 444 p., 57 F.

François FORESTIER

Nouvel Observateur - N°1909 - www.nouvelobs.com

 
1er juin 2001 - Bulletin d'information du portail "PlanetOut.com"

U.S. gives $500,000 to Nazis' Gay victims

  An international organization that represents and memorializes gays and lesbian persecuted during World War II will get more than $500,000 from a fund dedicated to helping the survivors of Nazi persecution and to preserving their history. (more / suite >>)
 
16 mai 2001 - Bulletin d'information du magazine"Têtu"

Egypte : arrestation massive d'homosexuels

  55 gay égyptiens ont été arrêtés jeudi 10 mai lors d'une descente de police au Queen Boat, seule boîte gay du Caire. Les étrangers n'ont pas été inquiétés. Selon le Cairo Times, le plus important magazine anglophone d'Égypte, les 55 hommes ont été questionnés pendant deux jours par la Sécurité d'Etat et sont poursuivis pour "exploitation de la religion dans le but de promouvoir des idées extrêmes incitant au conflit et pour avoir rabaissé les religions révélées". Ils risquent jusqu'à 5 ans de prison. Les jugements des tribunaux de sécurité d'Etat sont sans appel.  L'homosexualité n'est pas illégale en Égypte mais des lois punissant l'indécence en public et l'obscénité sont parfois utilisées contre les homosexuels. Toutes les infos dans la version en ligne du Cairo Times (voir ci-dessous).  

Article du Cairo Times in extenso :

A vice-squad dragnet snares gay revelers on the Queen Boat

Hossam Bahgat

Fifty-five Egyptian men were arrested on 10 May after police raided the Queen Boat, a tourist boat moored on the Nile across from the Marriott Hotel in Zamalek. After spending the night at the vice-squad headquarters in Abdin station, the men were questioned for two days by High State Security Prosecution on charges of "exploiting religion to promote extreme ideas to create strife and belittling revealed religions." If found guilty. the defendants could face up to five years in prison. The prosecution ordered the men to be detained for 15 days pending an investigation.

According to eyewitnesses, ten undercover officers from both state security and the vice squad entered the boats discotheque, known as a gay hang-out on Thursday nights, around 2am. After ten minutes of watching the dancing crowd, they started arresting the Egyptian men present and loading them onto three vans parked outside. The boats manager, Mamdouh Eleiwa, told the Cairo Times that a surgeon and professor at Cairo Universitys Faculty of Medicine was slapped on the face several times by a police officer and called a derogatory slang word for homosexual when he refused to go. Neither the boats staff nor its owner, business woman and retired fashion model Madiha Hassan Dergham, were summoned for questioning.

Although several foreign men were present when the raid took place, none were arrested. Neither were any of the four Egyptian women who were present. "The fact that Egyptian men were exclusively arrested is just disgusting," said a British eyewitness who asked for anonymity. "Westerners should not be immune from the law," he added. At the time of the raid, he was dancing with his Egyptian friend and flatmate, who is currently in jail.

A source in the prosecutors office told reporters on 12 May that the defendants were "practicing deviant rituals and holding parties were they practiced group sex and abnormal activities." While there is no mention of homosexuality in the Egyptian penal code, some statutes criminalizing obscenity and public indecency have been used against gay men in the past. The Queen Boat has been raided before, but detainees have been released after 3 to 10 days of detention in police stations. This is the first time that the arrested men have been transferred to the prosecutors office to face charges. If officially charged, the defendants will stand before a state security court, whose rulings are final and incontestable.

The morning after the prosecutors statement, different versions of the story were all over the local press. The state-owned Al Ahram published in its crime page that the defendants were members of a new devil worshipping cult that included students, doctors and other professionals. "The defendants considered themselves to be of the people of the Prophet Lot and took [the 8th-century Abbasid poet] Abu Nuwas as their prophet...They tried to recruit new members to their cult and called on them to go to swim in the Dead Sea in Jordan to be blessed by its water," the paper added. Al Ahrams coverage of state security cases is widely considered to reflect the prosecutions views.

Other papers added that the cult held weekly male wedding parties on the boat and were in the middle of one when they were arrested. The boats staff denied these claims and complained about inaccurate media coverage. "Journalists come to me and listen to what happened and then make up completely different stories," Eleiwa said bitterly.

The heavy press coverage of the case is reminiscent of a case in 1997, when 78 teenage men were arrested and accused of establishing a satanic cult. They were released after two months of detention, and the case was never brought to the court, but the some segments of the press later criticized the papers who had printed the names and pictures of the defendants, thus tarnishing their image in society. This week, official, opposition and independent newspapers published the names of the 55 defendants and some front pages carried their pictures with their eyes crossed over in black.

"We have learned from the states behavior to be skeptical about official statements. But if it is true that these charges were fabricated to prosecute homosexuals due to the absence of laws that criminalize homosexuality, then the state is way out of line," said Gasser Abdel Razeq of the Hisham Mubarak Center for Law. A lawyer from the center tried to meet one of the defendants at the prosecution, but was prohibited. Although Abdel Razeq told the Cairo Times that the center will follow up the case, he added that their interest in this particular case is only documentation, with no intention to provide legal service for any of the defendants. The reaction of other local human rights group was similar. "We generally defend liberties but there are red lines that we should stop at," said Samir Al Bagouri of the Association for Human Rights Legal Aid. Secretary-General of the Egyptian Organization for Human Rights Hafez Abu Saada said that defending gay rights was not part of his groups mandate. "Personally, I dont like the subject of homosexuality, and I dont want to defend them," Abu Saada said.

"When we started campaigning against female genital mutilation people said we wanted all of Egyptian society to work in prostitution," said Mohammed Zari of the Human Rights Center for the Assistance of Prisoners (HRCAP). "We live in a conservative society that condemns homosexuality and we have to keep that in mind." Homosexuality is a big taboo in Egypt, and local human rights groups are often criticized for following a Western agenda.

However, Zari said his center is willing to provide legal aid for defendants who were subject to torture or assault during detention. Although the HRCAP has reported on previous violations of prisoners rights in Tora prison, where the defendants are detained, Zari said that it is mainly political prisoners who are subject to such violations. "Defendants in cases which receive heavy media coverage are less likely to be subject to torture," he added. Al Wafd of 14 May said the defendants will be subject to forensic exams to ascertain if they have ever engaged in homosexual sex.

The London-based Human Rights Watch had not issued a statement as of press time, but the London office director of the Middle East and North Africa Division, Hania Mufti, told the Cairo Times that her office would take up the issue with the interior ministry and the state security prosecutor as soon as possible.

Although the Queen Boat was not closed down, their is a heavy police presence at its entrance and a corresponding lack of guests.

http://CairoTimes.com

 
4 mai 2001 - Bulletin d'information du magazine"Têtu"

Allemagne : les homosexuels réclament un monument en mémoire des déportés

  Alors que les travaux du Mémorial aux 6 millions de Juifs victimes de l'Holocauste ne sont pas encore terminés, les militants homosexuels réclament un monument à la mémoire des déportés homosexuels. Ils voudraient que ce monument soit construit au coeur de Berlin, près du Reichstag et non loin du futur Mémorial aux Juifs Assassinés. Cette demande est soutenue par de nombreux leaders juifs, notamment par Paul Spiegel, chef de la communauté juive d'Allemagne. Selon une porte-parole de la ville, les autorités ne seraient pas opposées à cette idée.
 
28 avril 2001 - Centre Gai et Lesbien de Paris

Communiqué de M. Bujardet

  Ils tentaient de survivre, comme les autres citoyens de la France occupée, lorsque la police vint les prendre. Humiliés, fichés, brutalisés, spoliés de leur liberté, par un régime honteux, qui les promit à l'horreur des camps allemands. Mais la déportation ne suffisait pas. Dans leur monstrueuse entreprise, les nazis firent en sorte qu'ils continuent d'être humiliés, d'être stigmatisés, d'être brutalisés, insultés. Le seul pêché de ces hommes était d'aimer d'autres hommes. Ils devaient porter le triangle rose. Des milliers d'entre eux ne revinrent jamais de ces camps sordides, dans lesquels, derniers d'entre les derniers, la haine des gardiens s'ajoutait à celle des autres victimes. Il furent assassinés deux fois : par leurs bourreaux, puis avec la complicité du silence, par l'oubli de la France.

Les nazis ont aussi perverti l'éthique et la morale des survivants. Leur propagande infâme a pollué les esprits les plus sains, en faisant croire à toute une nation que l'eugénisme était légitime. Le travail fut si bien fait que dans les camps comme au sein de la résistance, on régurgita les théories nazi contre l'homosexualité. Le honteux régime de Vichy avait imposé des lois anti-juives, mais aussi anti-homosexuels. A la libération, la pernicieuse influence des nazillons français portait ses fruits : la haine eugéniste contre les homosexuels continua. On persécutait encore les malheureux que pourtant, la Révolution Française en 1791, confirmée par le Code Napoléon, avaient libérés des haines de l'ancien régime. Il y eut même des malheureux pour voter en 1960, le honteux aggravement des lois contre les homosexuels, désignés comme fléaux sociaux.Oui, c'est un fait historique incontestable, l'état français s'est conduit de manière indigne à l'égard des homosexuels, partant de Vichy en 1942, jusqu'à l'abolition des lois scélérates, en 1982. Il a fallu la stature de Jean-Pierre Michel et d'un parlement guéri des séquelles de la propagande eugéniste, pour enfin revenir aux idéaux de la République, que lui avaient choisi ses fondateurs. Faut-il pour autant condamner des égarements que l'occupant a provoqué ? Non. Nous devons avoir la force de pardonner à ceux que les nazis ont meurtri dans leur âme et dans leur vie. Mais nous ne devrons jamais oublier, pour que jamais pareille horreur ne revienne.Nous devons d'autant moins oublier qu'aujourd'hui encore, les sombres clameurs de la haine eugéniste ou religieuse se font encore entendre partout dans le monde. En Malaisie comme en Egypte, on emprisonne comme on l'a fait en 40. En Afghanistan, au Zimbabwe, en Equateur, en Roumanie, en Namibie, en Gambie, la bête immonde stigmatise, emprisonne, torture, et tue les homosexuels. A telle enseigne que le Parlement Européen a voté le 6 avril dernier une résolution s'indignant contre les appels à la haine anti-homosexuelle du président namibien. Aujourd'hui comme hier, pourtant, la France tourne le dos aux malheureux qui, meurtris dans leur chair et leur âme, cherchent refuge dans la patrie des Droits de l'Homme : à ce jour encore, notre nation n'a pas encore la grandeur de reconnaître le calvaire des réfugiés homosexuels, et leur dénie l'asile humanitaire, en dépit de l'évidence. Notamment les lois locales pénalisant l'homosexualité comme l'avait fait le régime de Vichy, souvent de la mort.

La France vient toutefois enfin, par la voix de son premier ministre Lionel Jospin, de sortir de la honte du mensonge eugéniste nazi, et du déni de mémoire qui en résultait. Un geste d'honneur et de réconciliation nationale, des paroles dignes, attendues depuis bien longtemps. Un pas dans la bonne direction."En ce 26 avril - trois jours avant la Journée de la Déportation -, je tiens à honorer le souvenir de toutes les victimes des persécutions nazies et à rendre hommage aux combattants de notre pays qui ont eu le courage de résister à l'occupant et de dire "non" à l'inacceptable."[...]
"Nul ne doit rester à l'écart de cette entreprise de mémoire. Il est important que notre pays reconnaisse pleinement les persécutions perpétrées durant l'Occupation contre certaines minorités - les réfugiés espagnols, les tziganes ou les homosexuels." (intégralité disponible sur
http://www.premier-ministre.gouv.fr/fr/p.cfm?ref=22712&d=1>)

Demain dimanche 29 avril, la France se souviendra de ses martyrs, de tous ses enfants emprisonnés, parqués dans les camps, blessés, assassinés par les nazis, et leurs valets du régime Pétainiste. Pour la première fois, les triangles roses seront là aussi, invités par la nation pour se souvenir dans la dignité du martyre de ces hommes, assassiné par le déni des associations chargées de la mémoire. S'il s'en trouvaient pour manifester leur homophobie, nous devrons rester dignes, et leur pardonner un tel égarement, séquelle de l'abominable propagande nazi. Victimes du lavage de cerveau des dialecticiens du Reich, ils méritent notre pitié, et la patience qu'on réserve aux grands malades. Assez de haine.

Les guerres ne tuent pas que sur les champs de bataille. C'est pourquoi mon arrière grand père a fait graver le nom de son épouse, Emma Bujardet, sur le Monument aux Morts de 14-18 de la Forêt du Temple, avec cette mention : "Morte de chagrin". Elle est ainsi la première femme mentionnée sur ce type de monument. Elle avait perdu six enfants sur les sept qu'elle venait d'élever. En ce jour de mémoire, n'oublions pas toutes ces mamans qui n'ont jamais revu leurs enfants, tués par la haine. Combien sont-elles mortes, le coeur brisé ?

Je serai avec les personnes accompagnant le dépôt de la gerbe par les associations homosexuelles le dimanche 29 avril 2001 à 17 heures sur le Pont de l'Archevêché, angle Quai de la Tournelle, Paris 5è, Métro Maubert-Mutualité. Pour qu'on n'oublie jamais.

Michel Bujardet, Citoyen
http://mbu.multimania.com

PS : Pour plus d'information sur la déportation homosexuelle, quelques sites ;
http://www.chez.com/triangles (Mémorial de la déportation homosexuelle)
http://perso.club-internet.fr/kenone/deportation.htm
http://www.rg-online.org/gay.html (Dispositions anti-homosexuelles votées par Vichy et confirmées par la suite, et commentaires sur la jurisprudence)
http://swade.net/swadepages/symbols.htm (Origin of Gay & Lesbian Symbols, en anglais, avec un descriptif des triangles employés par les nazis)
 
 
 
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