triangles-roses.org. La persécution des homosexuels sous le régime nazi.

   
Le Mémorial de la déportation homosexuelle
de Jean Le Bitoux

Le Mémorial de la d éportation homosexuelle, association régie par la loi du 1er juillet 1901, est né en 1989 d'une volonté et d'une nécessité, celles de voir la mémoire collective intégrer le souvenir des homosexuels, hommes et femmes, persécutés ou assassinés en Europe par les nazis dans le cadre de leur politique raciale.

Pour ce faire, cette association dépose chaque année, lors de la Journée Nationale du Souvenir de la Déportation, une gerbe sur l'Ile de la Cité, à Paris. Le protocole de cette journée officielle se trouvant, par délégation ministérielle, à la charge des fédérations de déportés, les incidents ne manquent pas, à Paris comme dans une dizaine de villes de France.

Cette visibilité déplaît en effet car le sujet est déclaré délicat, et de nombreux responsables d'associations de déportés voient en ces manifestations un geste déplacé. Pourtant, sur le territoire français, notamment en Alsace et Moselle, des français furent déportés pour homosexualité, ces régions ayant été annexées par l'Allemagne nazie jusqu'en 1944. Jean Le Bitoux, fondateur du Mémorial de la déportation HomosexuelleDans les années 90, les négociations entre le Mémorial de la Déportation et le Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre ont permis quelques avancées, à savoir l'assurance que les autorités préfectorales n'ont pas à refouler le cortège de la délégation homosexuelle.

Dans le cas où les négociations locales entre les fédérations de déportés n'aboutissent pas, le dépôt d'une gerbe homosexuelle est toutefois autorisé après la cérémonie officielle. Pour avoir empêché ce recueillement, la municipalité de Reims a été condamnée en 1999 par le Tribunal Administratif à verser 3 000 Francs à l'association gaie locale Ex-aequo pour perturbation de l'ordre public.

Des négociations sont également en cours avec le ministère pour qu'une enquête historique officielle soit initiée dans le but d'établir la véracité de cette déportation en Alsace, une enquête dirigée par un collectif d'historiens, qui permette, à terme, de mettre fin au silence officiel et qui préconise l'inscription de ces faits dans les livres d'histoire agréés par le Ministère de l'Education nationale.

Les dépôts de gerbe dans les régions s'effectuent sous la responsabilité des associations homosexuelles locales qui bénéficient à ce titre d'une autonomie totale quant à leurs négociations locales avec les autorités, les médias et les associations de déportés. Seule la dignité est requise pour ce recueillement qui doit prioritairement se souvenir des souffrances de nos aînés mais aussi de toutes les victimes du nazisme.

Pour se souvenir de la martyrisation européenne des homosexuels sous le régime nazi, le Mémorial de la Déportation Homosexuelle demande également qu'un monument soit érigé à Strasbourg, capitale de l'Europe, ou dans le camp voisin du Struthof, camp de concentration alsacien où furent détenus de nombreux "triangles roses". Un monument similaire existe dans le centre d'Amsterdam, et des plaques en forme de triangle rose ont déjà été apposées dans les camps de Dachau, Sachsenhausen et Mauthausen.

 

Texte de Jean Le Bitoux, ex-président du Mémorial de la déportation homosexuelle (1999).

Photo : Jean Le Bitoux, fondateur du Mémorial de la déportation homosexuelle (cliché : Franck Dennis).

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