Les nouvelles que je reçus d'Allemagne pendant mon retour [d'un tour du monde], d'abord à Athènes puis à Vienne, me firent clairement apparaître la nécessité d'attendre à l'étranger le développement des événements et l'impossibilité d'exercer ouvertement dans ma patrie aucune activité. Je me décidai à terminer à Vienne et en Suisse un ouvrage contenant mes impressions de voyage.
Et maintenant, me voici en France. Le 14 mai 1933, jour où je franchis la frontière, se trouvait être mon soixante-cinquième anniversaire. Je viens chercher refuge dans ce pays dont les traditions grandioses et le charme présent m'ont déjà donné une apaisante harmonie intérieure. Je serais heureux et reconnaissant de pouvoir vivre encore quelques années de paix et de repos en France et à Paris, et plus heureux encore de reconnaître, par la diffusion des riches enseignements de ma carrière, l'hospitalité qui m'est accordée.
Je crois à la Science et je suis convaincu que la Science, en particulier les Sciences naturelles, apporteront aux hommes, non seulement la vérité, mais aussi, avec la vérité, la Justice, la Liberté et la Paix. Que leur avénement soit proche, tels sont mon espérance et mon souhait.
Source : L'Ame et l'Amour, psychologie sexologique, Magnus Hirschfeld, Gallimard, Paris, 1935.
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