triangles-roses.org. La persécution des homosexuels sous le régime nazi.

   
Les mesures répressives
de Jean-Pierre Joecker

L'idéologie poussée à son comble explique les mesures répressives, les détentions, puis l'extermination des homosexuels qui subiront avec les juifs et les tsiganes la répression la plus violente. Commencée au début des années trente, la répression va rapidement s'accentuer à partir de 1938, servie avec zèle par Himmler. Dès 1937, il fait la chasse ouverte aux homosexuels dans les rangs SS et rêve de l'étendre à tout le pays. Il obtint l'approbation de Hitler en 1941 : "Afin d'épurer la SS et la police, le Führer a décidé que tous ceux qui auront des rapports homosexuels, actifs ou passifs, seront punis de la peine de mort, sans égard à leur âge. Dans les cas les moins graves, une peine de prison de plus de six ans pourra être prononcée." Le chef du bureau central, Gottlob Berger, précisait qu'il suffisait, pour que cette mesure s'appliquât, d'une atteinte à la pudeur ou d'une incitation à la jouissance. "L'attouchement, même tout habillé, un baiser parfois, tombent sous le coup de cette loi", rapporte encore Hans Peter Bleuel. En 1942, la peine de mort est adoptée par le ministère de la Justice qui prévoit par ailleurs que "dérogeant au paragraphe 1 de la loi, l'émasculation sera autorisée dans les rares cas où les perspectives de rachat apparaissent sérieuses". C'est aussi Himmler, fidèle à son principe de "l'éxécution de tous les dégénérés", que l'on doit le classement des détenus homosexuels en camp de niveau trois, camps de la mort réservés aux juifs et aux tsiganes qu'ils rejoignirent.

Les mesures anti-homosexuelles furent étendues au Grand Reich, l'Autriche, l'Alsace. Les témoignages sont rares, éparpillés, le récit de Heinz Heger, tout comme le témoignage de cet ancien déporté alsacien [Pierre Seel ], révèlent les difficultés à parler lorsque l'on est toujours considéré comme "droit commun" et que les voix seraient dissonantes au milieu de celles, officielles, qui ont suivi la Libération.

Eugen Kogon , dans son livre L'Etat SS, rappelle que "leur sort dans les camps ne peut être qualifié autrement que d'épouvantable... la plupart d'entre eux ont péri", et il ajoute, parlant du travail dans les carrières, qu'ils "appartenaient ainsi, dans les années les plus dures, à la plus basse caste du camp". Témoignage tristement confirmé par Rudolf Hoess dans ses mémoires . Eugen Kogon rapporte aussi que les "politiques" envoyaient d'abord aux travaux les plus durs les Triangles Roses. A Buchenwald, "le camp avait cette tendance compréhensible de se séparer des éléments considérés comme moins importants, de peu de valeur ou sans valeur".

 

Extrait de Histoire d'un génocide oublié, Jean-Pierre Joecker. Editions Persona. Paris. 1980.

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