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Noirs dans les camps nazis est un document unique sur un drame jusqu'ici méconnu de la seconde guerre mondiale : la déportation des noirs, africains et antillais, dans les camps de concentration. Ce film sera sur les écrans français à partir du 13 avril 2005.
Synopsis
Noirs dans les camps nazis est un document unique sur la déportation des noirs dans les camps de concentration. Parce qu'ils étaient aussi résistants, engagés dans les combats ou simplement ramassés au hasard d'une rafle, de nombreux Africains, Antillais, Américains ou Européens noirs ont connu cet enfer. Eux aussi ont souffert à Dachau, Mauthausen ou Auschwitz, où ils étaient sujets aux pires humiliations. A travers des témoignages de survivants recueillis en Allemagne, Belgique, Espagne, France et au Sénégal, ce film rend hommage à tous ces hommes et apporte un éclairage supplémentaire pour commémorer le soixantième anniversaire de la libération des camps nazis.
Entretien avec le réalisateur Serge Bilé
*Comment vous êtes-vous intéressés au thème des noirs dans les camps nazis ?
L'idée m'est venue en 1994 après avoir vu en Martinique un reportage à la télévision sur le chanteur John William. C'est quelqu'un que j'avais vu en concert de nombreuses fois quand j'étais étudiant mais j'ignorais qu'il avait été déporté. Je l'ai appris ce jour-là à travers ce reportage. Et là ça a été un choc, un choc d'autant plus grand que John William est originaire comme moi de la Côte d'Ivoire, qu'il a quitté comme moi dans son plus jeune âge. Et en même temps que je découvrais cela, j'ai reçu un jour sur le plateau du journal télévisé une Martiniquaise, Michèle Maillet, qui avait écrit, 4 ans plus tôt, un roman, « L'étoile noire », racontant la déportation d'une servante antillaise dans un camp de concentration. A partir de là, j'ai eu envie d'aller plus loin et de savoir s'il y avait eu, au-delà de John William, d'autres cas de déportés noirs dans les camps de concentration. C'était quelque chose de nouveau pour moi et j'adore explorer des pans méconnus de notre histoire. Quand je dis notre histoire, je parle de l'histoire des peuples noirs en général, qu'il s'agisse de la part africaine, antillaise, américaine ou autre. Et là, je me suis lancé, et j'ai fait un documentaire sur le sujet entre juin et septembre 1995. C'était important pour moi de faire ce travail de mémoire sur ce qu'ont vécu les nôtres pendant la seconde guerre mondiale.
A-t-il été difficile de réunir des témoignages ?
Ça a été extrêmement difficile parce qu'il n'y avait pas de témoignages là-dessus. Les Noirs qui ont vécu cette déportation n'en n'ont jamais parlé. Les autres, non plus. J'ai beaucoup tâtonné, interrogé beaucoup de déportés en France, au Sénégal, en Belgique, en Espagne, en Allemagne… pour finir par recueillir quelques témoignages ici et là.
Les déportés ont-ils accepté de témoigner facilement ?
Oui, ils étaient tous très enthousiastes. Ils attendaient tous, en fait, depuis la fin de la guerre, ce moment-là pour libérer une parole que personne ne voulait entendre.
De quelles origines étaient les Noirs déportés dans les camps ?
Ceux que j'ai retrouvé pour le film, soit en témoignage direct, soit par des gens qui les ont connus, étaient d'origine ivoirienne, sénégalaise, camerounaise, équato-guinénne, congolaise, haïtienne… Pour le livre, j'en ai trouvé deux fois plus.
Etaient-ils traités de la même manière que les autres déportés ?
Pas vraiment. Ils subissaient eux des humiliations particulières. Les Allemands les considéraient comme des bêtes, comme des sauvages parce qu'ils étaient Noirs, et ils se servaient d'eux comme boys.
Subissaient-ils également des discriminations de la part des autres déportés ?
Non, si j'en crois les témoignages des survivants. Il y a pu avoir bien sûr des exceptions. Mais dans l'ensemble, face à la souffrance, ils ne s'arrêtaient plus à des questions de couleurs de peau. Ils avaient oublié ces choses-là. Ils étaient tous esclaves dans les camps.
Peut-on estimer le nombre de Noirs ayant subi la déportation ?
Ca, c'est la grande question qu'on me pose tout le temps. Ce qu'on sait, c'est qu'il y a eu deux types de déportés noirs. Il y a eu les Afro Allemands, c'est-à-dire les Noirs originaires des anciennes colonies du Reich qui vivaient en Allemagne avant guerre. Ils étaient environ 24 000. Lorsque Adolf Hitler est arrivé au pouvoir, il a envoyé beaucoup d'entre eux dans les camps de concentration. Et puis il y a eu tous les autres Noirs qui se trouvaient en Europe et qui se battaient aux côtés des Français, des Anglais ou des Américains. Certains d'entre eux, capturés au front, ont été expédiés dans les camps de concentration. Si je devais oser un chiffre, je dirais qu'il y a eu au moins 10 000 déportés noirs. Mais ils étaient peut-être trois fois plus.
Selon vous, pourquoi cette partie de l'histoire a-t-elle été occultée ?
C'est une autre question que le public africain et antillais me pose tout le temps quand je participe à des débats avec toujours cette arrière-pensée qu'on a voulu nous cacher quelque chose. Moi ce que je pense, c'est que l'histoire est toujours écrite par le vainqueur, et le vainqueur ne s'intéresse qu'à sa propre souffrance, pas à celle des autres. Il nous appartient donc, à nous, Africains et Antillais, de prendre les choses à bras le corps et de rétablir les faits. Il faut qu'on arrête nous même de croire que notre histoire est moins importante que celle des autres. Je regrette que peu de tirailleurs sénégalais aient raconté ce qu'ils ont vécu. Je regrette que les déportés noirs se soient également tus après guerre. Je regrette aussi que nos historiens n'aient pas exploré cette voie. Moi, au lieu de m'en prendre aux autres, je nous renvoie plutôt la balle.
Aujourd'hui, votre travail sur le thème des Noirs dans les camps nazis connaît un regain d'intérêt. Comment expliquer vous cet engouement ?
J'ai le sentiment qu'aujourd'hui, dans cette Europe où beaucoup de Noirs sont amenés à vivre parce qu'ils sont nés là ou parce qu'ils ont choisi de s'y installer définitivement, qu'ils sont de plus en plus nombreux à rechercher des repères ici même et pas ailleurs. Ils ont envie et besoin de savoir ce que les leurs ont accompli dans cette histoire de France, de Suisse, d'Allemagne, d'Espagne et plus généralement d'Europe. Ils le manifestent sur tous les sujets, et c'est ce qui explique le regain d'intérêt pour mon travail. J'ai fait ce documentaire il y a 10 ans, et pendant dix ans il n'a intéressé personne. Aujourd'hui, je vois vraiment la différence. Et c'est pareil pour mon livre. Comme quoi, lorsqu'une communauté se passionne pour sa propre histoire, il arrive à faire en sorte que les autres s'y intéressent aussi.
* Source entretien : Cité Black
"Dans le cadre de son 15ème Festival de films : LES COMBATTANTS NOIRS DANS LES GUERRES DE LIBÉRATION FRANCAISE du 13 au 19 avril 2005, le cinéma IMAGES D'AILLEURS présente NOIRS DANS LES CAMPS NAZIS de Serge BILÉ.
Ce film programmé au cours du festival restera ensuite à l'affiche à IMAGES D'AILLEURS, premier espace de diffusion de films de culture noire à Paris. La France commémore en cette année 2005 la Libération des camps nazis. Ce 15ème Festival, à ce titre, rend un hommage particulier aux centaines de milliers de soldats africains, antillais, maghrébins, tombés sur les champs de bataille, à ces hommes qui ont choisi de se battre aux côtés de la France pour la délivrer de la barbarie nazie et qui ont contribué ainsi à la libération des camps de concentration. »
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Un début d'incendie criminel, commis avec une cannette remplie d'un liquide inflammable, visant le wagon témoin du camp de Drancy, a été maîtrisé dimanche soir par les pompiers. Le maire de la ville, Jean-Christophe Lagarde, appelait avec la communauté juive à une manifestation lundi à 18h30.
Une cannette incendiaire a été dimanche 20 février soir à l'origine d'un début d'incendie du wagon témoin du camp de Drancy (banlieue nord de Paris), suscitant une vive indignation de la communauté juive et un appel à rassemblement lundi soir du député-maire.
Ce début d'incendie criminel, commis avec une cannette de soda remplie d'un liquide inflammable, a été maîtrisé dimanche soir par les pompiers.
Les enquêteurs ont mis la main sur ce récipient pour analyse et ont aussi récupéré un tract signé "Ben Laden" avec une croix gammée renversée, a-t-on ajouté de source judiciaire.
Cet unique wagon témoin trône au milieu de la cité de la Muette, habitée et formée de trois barres d'immeubles en forme de fer à cheval. Cet ensemble a servi de camp de concentration durant la guerre pour 70.000 à 80.000 juifs qui furent ensuite déportés à Auschwitz.
Installé entre la statue du mémorial et le parking de la cité, le wagon lui même est accessible en plein air. L'intérieur peut être visité uniquement sur rendez-vous.
Seule l'embrasure centrale des deux portes coulissantes du wagon témoin a été noircie par le début d'incendie.
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Le camp de concentration de Drancy
Les premiers internés Juifs du Camp de Drancy arrivent le 20 août 1941, à la suite de la rafle dénommée " rafle du 11e arrondissement " car la plupart des 4 232 Juifs arrêtés habitaient ce quartier. Au Camp de Drancy, rien n'a été prévu pour accueillir un si grand nombre d'hommes. Les bâtiments ne sont pas achevés et pendant les premières semaines les internés doivent coucher sur le béton armé. La famine sévit et un marché noir se développe, à l'initiative des gendarmes du camp. La famine provoque des décès et 800 personnes très affaiblies sont libérées début novembre. Les internés sont alors autorisés à recevoir un colis alimentaire et ont droit à une correspondance.
La structure administrative du camp est mise en place. Pendant la première année, le Camp de Drancy est placé sous l'autorité suprême de l'Allemand Dannecker, qui menace de son revolver les internés derrière les fenêtres. Un fonctionnaire français, nommé par la Préfecture de police, assure le commandement du camp et fait appliquer le règlement, œuvre de Dannecker. La garde extérieure et la surveillance intérieure sont assurées par un détachement de gendarmes français. Plusieurs services sont créés, assurés par les internés, sous la surveillance des gendarmes ou des représentants de la Préfecture de police. Le bureau des effectifs est placé sous la surveillance des inspecteurs de police. Le bureau militaire, administré par les internés, fournit des attestations de qualité d'anciens combattants et, à partir de juillet 1942, de femme de prisonnier de guerre. Le service des cuisines est administré par un économe nommé par la Préfecture de police qui nomme également un médecin "aryen" chargé de surveiller le service médical assuré par les internés.
Le premier convoi parti de Drancy, le 22 juin 1942, est le convoi n° 3 (les deux premiers sont partis de Compiègne). Le convoi n° 3 est composé de 934 internés hommes du camp de Drancy et de 66 femmes, en provenance du camp des Tourelles. Ce convoi est parti de la Gare du Bourget-Drancy. 34 survivants de ce convoi sont rentrés en 1945, dont 5 femmes.
Plus d'infos : http://www.camp-de-drancy.asso.fr/
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